Fanny et sa petite famille sont allés directement en Amazonie, après un briefing avec Hélène et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette experience restera un moment fort de leur voyage autour du monde ! Pas mal d’insectes et animaux ( plus ou moins sympathiques) étaient au programme de ce séjour dans la réserve du Cuyabéno. C’est parti pour l’aventure !
Dès la sortie de l’aéroport MARISCAL SUCRE de QUITO, la fraîcheur de l’air nous saisit. Un chauffeur de taxi nous interpelle. En prenant place dans la voiture jaune et brimbalante qui s’enfonce à tombeau ouvert dans la jungle urbaine où vivent plus de 3 millions d’âmes, nous n’avons pas conscience que le mois qui débute restera au palmarès des plus aventureux de notre vie.
A 2800m d’altitude, nichée sur les flancs du volcan PICHINCHA, la plus haute capitale du monde, n’est pas très accueillante : Bruyante, puante et, parait-il, dangereuse. Le taxi poursuit sa course infernale en actionnant de concert l’accélérateur et le klaxon. Nous prenons la direction du centre historique. La ville se met en ébullition. Tout ce qui peut accélérer accélère. Les autocars et les voitures devant nous, tel des poulpes en fuite, disparaissent dans les fumées noires de leur pot d’échappement. Très vite, les embouteillages monstres viennent mettre fin à la poursuite. C’est là que les vendeurs de n’importe quoi prennent d’assaut les prisonniers de la route. Séquence agression…
Nous reprenons nos esprits à la Posada Coloniale. Le standing de notre hostal est d’époque : Pas de chauffage, eau chaude aléatoire. Cependant le propriétaire est adorable et la propreté irréprochable. Sur les forums internet, nous avions rencontré Léon, un Français vivant à Quito depuis plus de vingt ans. Ce passionné et son équipe apportent des conseils aux voyageurs. Le lendemain matin de notre arrivée, nous rencontrons Hélène. Son briefing est ultra complet. Elle nous livre ses bons plans, ses astuces. Ses indications nous aident bien car nous avions décidé de ne pas planifier à l’avance ce séjour en EQUATEUR. Nous sommes hors saison touristique.
La première destination est, cependant prévue et très attendue : La jungle équatorienne. S’y rendre est en soit une aventure : Départ de Quito à 23h . Nous prenons place pour 8 heures dans un shaker roulant servant de mini bus. A 3h du matin, perdus au milieu des Andes, panne de moteur : Une heure d’arrêt. Pas de problème notre chauffeur est mécanicien…
Au petit matin, nous arrivons à LAGO AGRIO. Cette ville sans charme particulier, située à 20 kms de la frontière colombienne, n’a pas bonne réputation. Très vite nous remontons dans un autre bus où nous attends HIJO. Cet ancien photographe du National Géographic et naturaliste passionné est natif de la région. Il sera notre guide pour les cinq jours d’immersion dans « l’enfer vert ». Avec lui, pendant 2 heures, nous longeons le pipeline de pétrole qui serpentent le long de l’unique route. Il s’enfonce dans la forêt. Véritable cordon ombilical entre ces contrées isolées et la civilisation, cette route a été financée par l’industrie pétrolière en contrepartie de l’exploitation des sols. Dans chaque village traversé, un terrain de foot synthétique rutilant et quelques équipements modernes trônent comme autant de cadeaux empoisonnés offerts aux indigènes en échange de leurs concessions.
Nous arrivons à l’entrée de la réserve du CUYABENO. C’est un dédale de rivières, de lacs et de forêts immergées ou émergées. Il n’y a plus de route. Ce territoire protégé est caractérisé par une densité de biodiversité parmi les plus riches d’Amazonie. Deux heures de pirogue à moteur plus loin, nous mettons le pied dans notre lodge.
Posé au milieu de la forêt, au bord de l’eau, en autonomie énergétique complète, le GUACAMAYO lodge est coupé du monde des humains. Le programme est simple ; Les excursions à la découverte de l’incroyable diversité de la faune et de la flore rythment nos journées. Les randonnées nocturnes ou diurnes sont autant d’occasion d’observer, entre autres, des singes capucins et des singes écureuils, des tortues, des chauves-souris ; de découvrir des guêpes marcheuses (qui ont la particularité de dissuader l’assaillant en frottant leurs abdomens contre la paroi du nid selon un rythme cadencé qui laisse imaginer un impressionnant bataillon militaire en marche).
L’occasion également de manger des fourmis au goût de citron, de fabriquer de l’anti moustique naturel (à base de fourmis écrasées), de trembler devant une colonie de cochons sauvages (qui sont statistiquement les animaux les plus dangereux pour l’homme), de frémir devant des arachnides, des batraciens et des papillons de toutes sortes, de toutes tailles, de toutes couleurs et de toutes dangerosités. Un jour, devant notre lodge, une petite araignée jaune et noire cachée dans un hamac vient mordre la cuisse d’Eliot. Heureusement, il s’en tire avec une grosse douleur comparable à une piqûre de guêpe. Nous en sommes quitte pour une grosse frayeur car les plus dangereuses ne sont pas les plus grosses. Dans l’eau, La rapidité avec laquelle les piranhas mordent à l’hameçon nous laisse songeur sur le foisonnement de l’espèce sous nos pieds. La nuit, à la lueur des lampes-torche, nous sortons à la recherche des « yeux rouges » qui sont autant de Caïmans blancs (jusqu’à 3 mètres) ou noirs (jusqu’à 5 mètres), d’anacondas, de boas et d’autres reptiles.
En fin de journée, nous nous jetons dans l’eau jaune au milieu de la lagune parmi les dauphins roses d’Amazonie. L’occasion de se délasser de la moiteur oppressante de la forêt. HIJO tente de nous convaincre que la baignade ne présente pas de risque à cet endroit, à condition de ne pas avoir de plaies sanglantes. Nous le croyons. Cependant, il est difficile de ne pas penser à la faune bigarrée, immergée dans l’eau trouble. Les bains ne s’éternisent pas. Au petit matin, depuis la tour d’observation du lodge qui domine la canopée, armés d’un téléobjectif, nous contemplons le ballet des toucans, vautours, aras aux couleurs flamboyantes, hoazins huppés (qui ressemble à des Phoenix), martins pêcheurs et autre piverts chatoyants et chantants.
Le troisième jour, nous rendons visite à une communauté indigène à deux heures de pirogue de nos bases. Elle est composée d’une centaine de familles. Des fonds de solidarités ont financé l’arrivée de l’électricité et ont permis la possession de biens d’équipements de première nécessité. Le niveau de confort reste malgré tout très spartiate. Nous avons conscience d’être au plus proche des derniers bastions de civilisations traditionnelles de l’humanité. Un moment fort. Nous cuisinons les galettes de yuka avec une femme du village. Marius et Eliot se prennent d’affection pour un bébé singe venu spontanément à notre rencontre. Nous apprenons que la maman a servi d’ingrédient dans la composition d’une recette de cuisine « très locale ». Le choc est dur à avaler. Nous redoublons d’attention pour notre protégé. Pour finir la journée, dans les vapeurs d’Ayahuasca, nous assistons aux incantations transcendantales du shaman du village. A ce jour, cet individu reste le sage, le conseiller et le guérisseur référant de la communauté.
Ce séjour en Amazonie est, et restera un des moments fort de notre voyage. Les indigènes que nous avons rencontrés sont tous, sans exceptions, des passionnés de leur nature sauvage. Ils connaissent les vertus de chaque plante, le comportement à avoir devant chaque insecte, chaque animal. Ils sont d’une timidité extrême mais partagent sans ambages leurs savoirs aux inconnus de passage. Ils partagent aussi leurs inquiétudes quant à l’appétit vorace des compagnies pétrolières prêtent à se jeter sur leur paradis vert comme la misère sur le monde.
Cinq jours dans cet environnement assez hostile ont été malgré tout fatigant. Nous reprenons la route des villes et des montagnes pour nous reposer un peu. Mais l’aventure ne va pas s’arrêter pour autant…
Bien au contraire.
A bientôt.
PS: N’hésitez pas à suivre leurs aventures sur le page Facebook : « A 4 aux coins du monde » !!